Mot de la famille - Présentation de la vie du Père Jean-Pierre Malbos par sa sœur, Marie-Hélène Malbos

« Jean-Pierre est né à Bessèges en 1950 dans une famille profondément chrétienne. Nos parents nous ont donné l’exemple d’une foi solide, vécue chaque jour au sein de leur vie.

Après un bac scientifique et deux années de classes préparatoires au lycée Joffre de Montpellier, il a obtenu à la faculté de sciences un doctorat de mathématiques pures. Il a ensuite fait deux ans de recherche en mathématiques avec une publication à l’Académie des Sciences.

Puis, à l’âge de 28 ans, il s’est posé la question du sacerdoce, l’envie de faire connaître Jésus-Christ et de répondre à son appel. C’est ainsi qu’en 1978, il entre au Grand Séminaire d’Avignon et termine ses six années de formation au séminaire de Marseille.

En 1983, il a été ordonné diacre, en la cathédrale d’Alès, avec Frédéric Auriol, ici présent, par Mgr Guirma, évêque de Kaya au Burkina-Faso.

Le 17 juin 1984, il a été ordonné prêtre en cette église de Bessèges.  C’était la première fois et la seule fois où la célébration d’une ordination sacerdotale avait lieu à Bessèges.

Il a commencé son ministère dans les paroisses de La Grand Combe, puis a été nommé curé du secteur de Chamborigaud. Après cela, il a été curé des paroisses sous le Mont Bouquet, puis curé du secteur de St-Ambroix et de la Vallée de l’Auzonnet, ensuite, de Salindres et Rousson, et en 2014 il a été nommé à Nîmes à la Paroisse Ste Jeanne d’Arc.

Pendant plusieurs années, il a également été aumônier de l’ACO, de la fraternité des malades et handicapés, et aussi des élèves de l’École des Mines d’Alès.

L’âge venant, le 1er septembre 2022, il est venu à St Ambroix aider, en tant que prêtre auxiliaire, le Père Albert qui a en charge 17 paroisses.

Il a assumé avec courage, malgré sa mémoire défaillante, ce ministère, jusqu’au mois d’août dernier, célébrant la messe un samedi sur deux à Bessèges et une fois par mois dans les maisons de retraite de Molières-sur-Cèze et de St-Ambroix. »

 

Pendant toutes ces années, il est venu chaque semaine se ressourcer dans sa famille et son plaisir était, tous les lundis matin, jours de repos des prêtres, de s’aérer à la campagne en travaillant au débroussaillage des terrains entourant notre mas familial à Bordezac.

Tous ceux qui l’ont connu, garderont de l’abbé Jean-Pierre, le souvenir d’un prêtre pieux, humble, discret, gentil, accueillant, toujours à l’écoute de son prochain.

 

Nous le confions à Dieu en lui demandant de l’accueillir dans sa lumière et dans sa paix, auprès de son frère Jean-Jacques et de ses parents.

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Homélie complète du Père Auriol, camarade du Père Malbos au séminaire

« Monseigneur, Chère Marie-Hélène, Chère famille, Frères et sœurs,

La mort du chrétien est un mystère.

Jean-Pierre nous fait vivre aujourd'hui le mystère du temps et de l'éternité, et celui de la mort chrétienne : séparé et unis tout à la fois.

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Dieu nous fait signe et nous adresse une lettre confidentielle qui est l'avis de nos amis et de nos être chers. Sachons l'ouvrir de temps en temps, car le baptême de leur mort féconde nos vies d'hommes et de chrétiens. 
Nous venons d'accueillir ces passages de la Sainte Écriture qui résonnent avec une puissance renouvelée quand on a le cœur meurtri par un deuil et habité par une séparation douloureuse. 

Voilà pourquoi, alors que nous sommes rassemblés dans l'espérance autour de notre frère, paradoxalement, c'est vers la Vie que nos esprits sont orientés. 

Vers la Vie, parce que nous croyons et nous savons que cette promesse est réalisée en Jésus-Christ ressuscité, et que Celui-ci continue à consoler son peuple par son Esprit Saint, à l'œuvre dans nos vies comme il le fut dans la vie et le ministère du Père Jean-Pierre Malbos, enraciné dans l'épaisseur de notre quotidien. 

« Nous savons que nous sommes passés de la mort à la vie, parce que nous aimons nos frères », nous dit Saint Jean dans la première lecture. Cet amour-là, Jean-Pierre l'a vécu avec simplicité et constance. Sa manière discrète, humble, parfois effacée, mais toujours attentive aux autres, était déjà le signe de ce passage de la mort à la vie. Il a incarné cette conviction de saint Jean. Aimer en actes et en vérité, c'est déjà laisser transparaître la vie éternelle. 

Le verset du psaume 33 est lui aussi éloquent : « Qui regarde vers lui resplendira, sans ombre ni trouble au visage ». Oui, Frères et sœurs, combien de personnes n'ont-elles pas trouvé auprès de Jean-Pierre un regard accueillant, bienveillant, lumineux. Il savait écouter. Il savait mettre à l'aise. Il savait, par sa douceur, permettre à chacun de respirer la présence de Dieu. Son visage, apaisé et souriant, reflétait quelque chose de cette lumière du Christ, lumière qu'il contemplait et qu'il servait. Plusieurs paroissiens de Sainte Jeanne d'Arc où il a servi me le rappelaient récemment. 
Enfin l'Évangile des Béatitudes est sans doute le portrait spirituel qui correspond le mieux à notre frère : Jean-Pierre était un homme « pauvre de cœur », ne cherchant pas à s'imposer, mais à servir. 
Il était « doux », et cette douceur a marqué profondément ceux qui l'ont rencontré. Et je suis de ceux là. Nous avons cheminé ensemble au grand séminaire, j'en fus le témoin privilégié...jusqu'à ces derniers jours où je lui ai donné l'onction des malades... 

Il avait faim et soif de justice, en cherchant toujours la vérité et le discernement dans ses choix pastoraux. Je pense à ses engagements en Action catholique ouvrière. 
Il était un « artisan de paix », collaborant avec les laïcs, dans les différents ministères qui lui ont été confiés, ouvrant largement la mission de l'Église à tous, sachant que le salut est destiné à chaque homme. 
Jean-Pierre n'était pas seulement un homme de réflexion — docteur en mathématiques, esprit précis et rigoureux — il était aussi un pasteur qui a su traduire cette rigueur en clarté spirituelle. Beaucoup se souviennent de ses homélies, structurées, profondes, toujours nourrissantes. Son intelligence se mettait au service de la foi et jamais au détriment de l'humilité. 
Dans une interview à la veille de son ordination en 1984, il avait résumé ainsi son désir de devenir prêtre : « Suivre le Christ, pour moi, c'est ouvrir tous les hommes au salut et à l'amour de Dieu ». Voilà sans doute la clé de toute sa vie. C'était son orientation, sa boussole, sa fidélité. 

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En pensant à Jean-Pierre, je ne peux m'empêcher d'évoquer, avec un sourire, ses moments de détente. Sa sœur Marie-Hélène rappelait volontiers qu'il trouvait déjà un certain repos dans le débroussaillage du mas familial... Mais il y avait une autre facette, plus inattendue encore. Quand on lui demandait s'il avait profité de l'été pour se reposer, il répondait avec la plus grande simplicité : « Oui, bien sûr... j'ai réfléchi aux solutions possibles de l'équation de Navier-Stokes », ce problème redoutable qui reste un mystère pour la science. Et lui en parlait comme d'un loisir, comme d'un vrai plaisir. Nous restions alors un peu perplexes, mais émerveillés aussi : voilà bien Jean-Pierre, trouvant son repos dans la rigueur de la pensée, et la joie dans le travail de l'intelligence. Aujourd'hui, mon Cher Jean-Pierre, nous te confions au Seigneur avec reconnaissance. Nous rendons grâce pour ton baptême, par lequel tu es entré dans la vie nouvelle du Christ ; pour ta confirmation, par laquelle l'Esprit t'a fortifié ; pour ton ordination sacerdotale, qui a fait de toi un serviteur de l'Évangile et de l'Eucharistie. 
Mais nous rendons grâce aussi car nous savons que dans le cœur de Dieu, tu as désormais trouvé la solution à cette équation qui t'a tant préoccupé !

 

Frères et sœurs, en ce jour de séparation et d'espérance, nous confions Jean-Pierre à la tendresse du Père. Qu'il contemple désormais, sans ombre ni trouble, le visage du Seigneur qu'il a servi. Et que son exemple continue de nous orienter, nous aussi, vers cette sainteté simple, humble et rayonnante à laquelle le Christ nous appelle tous. Oui , séparé certes mais unis tout à la fois !

Jean-Pierre est mort, mais son âme nous sourit.

Amen.  »​